Telle que vous me lisez, j’ai 31 ans et j’ai démarré le rugby en septembre. Je vous raconte?
Ceux qui me lisent depuis un moment savent que je me suis mise au football pendant mes études. Je pensais que ça faisait partie des sports qu’il fallait commencer enfant, mais les sympathiques fêtardes de l’équipe universitaire – et quelques pintes – ont eu raison de mes réticences. Dix ans et deux déménagements plus tard, je joue toujours en club…
Aujourd’hui, si j’ai plaisir à jouer, je me sens de moins en moins en phase avec les codes du foot. J’avais jusque là réussi à composer avec sans vraiment y adhérer, mais je sens que je sature un peu.
A côté de ça, j’avais eu un gros coup de coeur pour la Coupe du Monde féminine de rugby: (Voix intérieure n°1) « Waaaaah! Trop cool! » Pour me reprendre aussitôt: (Voix intérieure n°2) « N’y penses pas, déjà ça fait sourire quand tu parles de tes matches de foot, alors débuter le rugby! Tu seras la plus vieille ou alors les filles de ton âge seront toutes super fortes. »
J’étais résignée à ne plus pouvoir regarder de rugby sans le regret de ne pas m’y être mise à temps.
Et puis… l’auto-coup de pied au cul. Dans mon travail (milieu masculin), j’encourage mes jeunes collègues féminines et moi-même à se moquer des idées reçues et sortir du moule. Et dans le privé, je laisserais un vieux stéréotype moisi me pourrir la vie? (Voix intérieure n°1): « Elle est belle la pionnière! Allez, prends ton téléphone et appelle ce club loisir à côté de chez toi. »
Je me lance à la fin de l’été. Et… surprise! Vingtenaires ou quadras, étudiantes ou mères de famille, toutes m’accueillent à bras ouverts. Je ne suis ni la plus vieille – loin s’en faut – ni la plus fluette (ce dont j’avais peur), et pas la seule avoir démarré sur le tard. De celles qui ont découvert le rugby pendant leurs études (tiens, tiens…) à celles qui n’ont pas eu le droit d’y jouer étant enfant, en passant par celle qui, à force de regarder son fils jouer, à voulu elle aussi tâter du ballon… Leur point commun: elles ont mis de côté leur peur d’être « trop vieilles ».
Nous ne serons peut-être pas des championnes. Mais les émotions du sport ne sont pas réservées au haut niveau, et on n’est jamais trop vieille pour l’esprit d’équipe, la solidarité, le plaisir de progresser et la fierté de réaliser ses objectif.
A propos, j’ai marqué mon premier essai!
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